Lundi 3 avril 2023
Marine ROUCH Docteur en histoire contemporaine
En 1949, la publication du Deuxième sexe est à l’origine d’un scandale qui fait couler beaucoup d’encre. Simone de Beauvoir est accusée par François Mauriac de vouloir pervertir la jeunesse ou encore, par Albert Camus, de « ridiculiser le mâle français ». Lentement pourtant, au cours des années 1950 et 1960, l’ouvrage fait son chemin : il est lu par des lecteurs et surtout des lectrices « ordinaires » ; il est commenté par des associations féministes des revues intellectuelles diverses ou encore par la presse grand public. Lorsque la deuxième vague féministe déferle à partir de 1970, Le Deuxième sexe est érigé en livre-manifeste, en véritable étendard des femmes et du féminisme. Pour autant, il ne cesse pas de faire débat et de polariser le paysage intellectuel, social et féministe français ; et c’est aujourd’hui encore le cas.
Je propose de revenir sur l’itinéraire de réception(s), d’influence(s) et d’appropriation(s) du livre depuis sa parution jusqu’à nos jours afin de montrer comment il a tour à tour joué les rôles d’éveilleur de conscience, de révélateur d’oppressions, de revendicateur de droits nouveaux pour les femmes – notamment en matière de sexualité –, mais aussi, plus récemment, de repoussoir d’un certain type de féminisme dit beauvoirien ou universaliste.